Énoncé de position | Impacts de la grève et respect des droits fondamentaux des enfants ayant besoin d’un soutien particulier

C’est bien connu, l’école a du mal à s’adapter à la diversité, et surtout, à l’intensité des besoins particuliers des élèves qui la composent dont elle est pourtant chargée, par la Loi sur l’instruction publique, d’instruire, de qualifier et ne l’oublions pas, socialiser. C’est d’autant plus vrai pour les élèves considérés comme ayant besoin d’un soutien éducatif et complémentaire pour avoir autant d’égalité des chances de réussir son parcours scolaire que ceux n’en requérant moins surtout en contexte postpandémique.

Les grèves tournantes du #FrontCommun en éducation ne sont qu’un symptôme de cette mésadaptation du réseau scolaire en entier à l’école différenciée. Par le fait même, elles ne viendront pas régler grands choses aux nombreux enjeux qui assaillent l’organisation scolaire (accroissement d’enseignant.e.s non qualifié.e.s, exode et désabusement des jeunes enseignant.e.s formé.e.s, pénurie massive du personnel qualifié en adaptation scolaire, essoufflement du personnel de soutien, mauvais usage des compétences des professionnels, sous-financement des services complémentaires et de soutien, organisation scolaire complexe et sclérosée, évaluation des besoins arbitraires, applications de Loi à géométrie variable, précarité professionnelle à temps partiel, manque de leadership pédagogique pour l’inclusion scolaire, etc.) ni améliorer les conditions d’apprentissage de tous les élèves québécois.

Mettre un pansement sur un hémorragie est contre intuitif et ne sert qu’à masquer la blessure profonde qui ronge l’incapacité du réseau scolaire à répondre aux besoins croissants de l’adaptation scolaire, et ce, depuis des décennies. Si les grèves perdurent de manière illimitée, elles risquent malheureusement d’accroître le fossé d’iniquité entre les élèves typiques qui ne requièrent pas d’accommodement particulier, du moins, pour le moment.

Selon les derniers chiffres ministériels, un élève sur 5 au primaire et un élève sur 3 au secondaire totalisant approximativement 225 000 d’entre eux sous la désignation d’élève HDAA. Ce nombre en forte progression en raison du paradigme de classement et de financement par catégorie de déficit, troubles et difficultés qui ne fait qu’accentuer leur stigmatisation et leur marginalisation au sein des écoles et presser leurs parents à faire la course au diagnostic croyant à tort que ça servira à obtneir davantage

Les nombreuses instances publiques chargés de défendre les droits des enfants en âge scolaire comme la Commission des droits de la personne et de la protection de la jeunesse (CDPDJ), le nouveau Protecteur national de l’élève, le Protecteur du citoyen et le Conseil supérieur de l’éducation et de nombreux acteurs de l’éducation s’entendent pour dire que la situation est alarmante. Un colloque sur le respect des droits des élèves a été organisé en ce sens le 6 novembre, auquel la présidente de la CPEBPQ, Bianca V. Nugent, a participé, a permis de faire le point sur la situation des élèves HDAA avec les principaux acteurs du réseau scolaire québécois et tous les organismes et personnes qui ont à cœur la défense de leurs droits.

Comme le cite la CDPDJ :

« Vingt ans après l’adoption de dispositions visant les élèves HDAA dans la Loi sur l’instruction publique et la Politique de l’adaptation scolaire, le Québec n’est toujours pas parvenu à assurer des services adaptés à tous les élèves HDAA.

  1. L’augmentation du nombre de plaintes reçues pour discrimination d’élèves HDAA depuis 1999, l’année du dévoilement de la Politique de l’adaptation scolaire.
  2. Le faible taux de diplomation des élèves HDAA : près de 40 % de ces élèves quittent encore aujourd’hui le secondaire sans diplôme, ni qualification.

À titre comparatif, seulement 8,7 % des élèves dits « réguliers » vivent la même situation. Ce faible taux de diplomation réduit considérablement les possibilités d’insertion sociale et professionnelle des élèves HDAA. » (Source : Les droits des élèves EHDAA – CDPDJ)

La Coalition des parents d’enfants à besoins particuliers  a réitéré dans ses nombreuses publications et mémoires que ce soutien doit être planifié d’une manière structurée et offert en continu par une équipe-éducative multidisciplinaire (personnel éducateur, enseignant, professionnel et de soutien) qualifiée et formée en adaptation scolaire apte à répondre à l’intensité de soutien décrit dans le plan d’intervention de ces élèves, sans quoi le fossé d’inégalités d’avec leur comparse au développement typique ne fait que se creuser davantage.

Pourtant, la Charte des droits et libertés de la personne – l’ensemble des intervenants du réseau scolaire québécois est tenu, en vertu des articles 10, 12 et 40 de la Charte, d’offrir des services éducatifs sans discrimination à tous les élèves.

De nombreuses pistes de solutions existent, comme celles proposés par tous les acteurs cités plus haut. En résumé, une refonte en profondeur est nécessaires pour assurer le respect du droit à l’égalité de ces élèves. En effet, le milieu scolaire a démontré sa bonne volonté pour adapter ses services aux élèves HDAA, mais la bonne volonté ne suffit pas.

Pour en apprendre davantage sur la position de la CPEBPQ, écoutez Bianca Nugent, présidente de la Coalition de parents d’enfants à besoin particulier du Québec et travailleuse sociale au micro d’Alexandre Dubé. Elle explique les risques d’une grève à long terme sur les élèves à besoins particuliers et leurs familles dans les récentes interventions médiatiques :

 

 

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