La CPEPQ s’indigne de la décision du Premier ministre François Legault de prolonger la fermeture des écoles dans les zones « chaudes » de Québec, Lévis, Gatineau et la Beauce comme mesure préventive sans tenir compte de la situation de handicap et conditions associées des milliers d’élèves qui nécessitent une plus intensité de soutien au quotidien notamment celles et ceux fréquentant des classes et des écoles spécialisées. Ce groupe d’élèves sont davantage vulnérabilisés par cette cette décision.
« Nous levons encore une fois un drapeau rouge : la fermeture des écoles par mesure préventive fragilisent les élèves les plus vulnérables du réseau de l’éducation; c’est inacceptable. En faisant fi de leurs besoins d’accommodement et leurs droits d’accéder à des services essentiels, comme ceux délivrés dans le réseau de l’éducation, le gouvernement Legault accentuent les inégalités entre les enfants. Une fois de plus, des milliers d’élèves sont laissés pour compte. Nous sommes d’avis que ce « délestage scolaire » est discriminatoire. Imposer l’école à distance pour tous, c’est empêcher de milliers d’élèves de continuer à d’apprendre avec le soutien dont ils ont besoin pour le faire. Cette impunité doit cesser. » souligne Bianca Nugent, porte-parole de la CPEBQ.
La Commission des droits de la personne et de la jeunesse est clair sur le sujet : un acte peut avoir des effets discriminatoires, même si la personne qui le pose n’avait pas l’intention de discriminer. Traiter tout le monde égal sans égard à leurs besoins d’accommodements garantis par la Charte, n’est pas équitable et juste.
La hausse fulgurante des cas de COVID-19 des dernières semaines est certainement alarmante. Il n’y a pas de plan parfait. Ceci dit, nous estimons que M. Legault avait d’autres options pour préserver les plus vulnérables et éviter de porter atteinte à leurs droits fondamentaux tout en maintenant le niveau de risque de transmission au minimum.
Services essentiels des classes et écoles spécialisées
D’autres juridictions l’ont compris : même au plus fort des éclosions, le gouvernement ontarien a autorisé les conseils scolaires à maintenir les classes d’éducation spécialisées ouvertes avec des mesures de dépistage ciblé. Il en va de même pour le Nouveau-Brunswick qui ont statué que les élèves ayant des besoins complexes fréquenteront l’école à temps plein afin de recevoir les services et le soutien dont ils ont besoin de façon constante. Ces classes ont déjà des ratios réduits où il est possible de respecter les mesures. Les services éducatifs et complémentaires sont essentiels. Le gouvernement Legault avait permis ces accommodements au retour des Fêtes. Pourquoi pas cette fois-ci ?
« Au Québec, la grande majorité des élèves à besoins particuliers cheminent au sein des classes ordinaires en cheminement régulier avec des adaptations. Ceux ayant besoin d’une plus grande intensité de soutien, comme certains élèves autistes, ceux présentant une déficience intellectuelle, des difficultés langagières, des défis d’adaptation ou ayant des handicaps multiples fréquentent des classes et des écoles spécialisées. Nous sommes très préoccupées par leur sort depuis le début de la pandémie. Toutes les décisions de fermeture et ouverture ont eu un impact déraisonnable sur leur bien-être, leur développement global et leur capacité d’apprentissage. Les classes et écoles spécialisées incluent du matériel et des ressources spécialisées; des ratios adultes-élèves plus petits et plus d’espace pour se déplacer – les détails varient en fonction des besoins des élèves. Pourquoi les fermer ? Ces classes devraient être parmi les premières épargnées. » rappelle Madame Nugent.
Les angles morts de l’école à distance
En plus d’ajouter de la pression indue, l’école à distance ne constitue pas un accommodement raisonnable pour toutes les situations et la diversité des élèves québécois. Il y a des angles morts à la fermeture des écoles : des milliers d’enfants y perdent leurs soins, leurs soutiens, leurs adaptations, leurs outils et leurs ressources qu’ils ont besoin au quotidien. « L’apprentissage en ligne n’est tout simplement pas destiné aux élèves qui reçoivent un soutien individualisé et constant à l’école. Certains élèves n’ont tout simplement pas la capacité de regarder un écran; d’autres ont besoin d’un soutien direct par des intervenanteEs spécialiséEs afin porter une attention soutenue. Sans le respect de leur routine et l’accès à leur routine et matériel de classe habituel, ils ne suivent pas ce qui se passe. Pour d’autres, ils ne savent pas qu’il y a une autre personne de l’autre côté de l’écran qui leur parle. D’autres y arrivent un peu mieux, mais se découragent devant l’ampleur de la concentration que ça exige et vivent une surcharge. Les services éducatifs en face à face avec soutien direct devraient être considérés comme essentiels pour les élèves fréquentant les classes et les écoles spécialisées. » ajoute-t-elle.
Leurs parents sont aussi plus largement impactés. « C’est bien connu, la charge de l’organisation familiale et des soins des parents d’enfants à besoins particuliers et complexes est déjà assez lourde. On ne peut pas leur demander en plus de remplacer aux deux, trois, voire parfois quatre intervenantEs spécialisées qui soutiennent leurs enfants en classe. Malgré leur bon vouloir, ils n’ont ni les outils ni les ressources à la maison pour aider leurs enfants à cheminer dans leur apprentissage de manière optimale. Ils sont laissez à eux-mêmes. Leur détresse est palpable; plusieurs se sentent coupables de ne pas y arriver. Ils se résignent à épuiser leur banque de congés, arrêter de travailler ou tout simplement se résigner à ne pas faire suivre les apprentissages en ligne.
Le personnel scolaire écope aussi. Ils n’arrivent pas à tout adapter en ligne. CertainEs enseignantEs en viennent à couper les heures de classe à distance sachant que leurs élèves ne pourront pas suivre une journée complète sans leur soutien. On passe de 4 périodes à 1 ou 2 par jour. Ils sont privés d’apprentissages essentiels à leur développement et ne progressent tout simplement plus. Ce n’est pas le cas pour les autres élèves capable de suivre les apprentissages en ligne. » précise-t-elle. C’est juste un catastrophe.
Il n’y a pas juste l’accès aux services éducatifs dont ils sont privés. Tous les autres services spécialisées et soins professionnels offerts dans la communauté fonctionnent en mode « délestage » : ergothérapie, orthophonie, gardiennage, répit, activités communautaire de groupe, etc. « C’est plus que du confinement, mais de l’isolement forcé. »
Tests de dépistage d’urgence et vaccins prioritaires aux parents
Tous les membres du personnel enseignant ou scolaire primaire et secondaire peuvent désormais Une situation urgente exige de prendre des moyens urgents. Si la situation est critique et que maintenir les écoles ouvertes est vraiment une priorité pour M. Legault, nous lui demandons de déployer un accès urgent et prioritaire à tests de dépistage de la COVID-19 et des vaccins aux parents qui ont des préoccupations relatives à une exposition possible au virus. Ceci aura pour effet de sécuriser un plus grand nombre et limiter les éclosions dans les écoles et la communauté au bénéfice des enfants. « Fournir des tests de dépistage est une étape, le plus important c’est d’avoir des résultats dans les 24 h et donner l’accès prioritaire au vaccin aux parents, aux enseignants et au personnel scolaire. »
Si cette prolongation devait se poursuivre au-delà du 18 avril ou se reproduire, nous demandons au premier ministre de prendre acte des impacts disproportionnées dans la vie de milliers d’enfants à besoins particuliers et complexes et de veiller à préserver leurs droits en gardant ouvertes les classes et écoles spécialisées ouvertes et y priorisant le dépistage et les vaccins pour les adultes qui gravitent autour d’eux.